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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 18:16

 

A Paris, l'Assemblée nationale vote la loi d'abolition de la peine de mort présentée par le ministre garde des Sceaux, Robert Badinter, par 369 voix contre 113 qui s'y opposent. Par cette loi historique importante, la France s'aligne enfin sur les autres pays d'Europe occidentale.

 

Toutes les sociétés ont pratiqué ou, pour certaines, pratiquent toujours la peine de mort. Avec des variantes très nombreuses : décapitation, strangulation, empoisonnement à la ciguë, lapidation, décapitation, précipitation, pendaison, crucifiement. Philosophiquement parlant, on justifie l'acte. Platon considère la peine majeure comme une forme de purification nécessaire à la réparation de l'acte commis. De la même manière, Aristote considérant l'individu responsable de ses actes doit être puni en conséquence.

 

18-septembre.jpgLa France de l'Ancien Régime n'est pas en reste face à ces pratiques antiques : décapitation (privilège de la noblesse), pendaison, roue, écartèlement et bûcher. La Révolution française, sous les auspices de l'article 1 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen («tous les citoyens sont égaux...»), elle généralise une technique particulière : l'emploi de la machine portant le nom de son auteur : le docteur Guillotin. Il faudra donc attendre plus de deux siècles avant que le dernier exécuteur des basse oeuvres abandonne son sinistre métier.


Dès la fin du XVIIIe siècle, la peine de mort fait l'objet d'une contestation. Elle provient d'un admirateur de Montesquieu et d'Helvétius, le marquis italien Cesare Beccaria (1738-1794). Il se rattache à ce courant de pensée que l'on a dénommé les Lumières. Dans un petit ouvrage publié sans l'imprimatur en 1764, Des délits et des peines, il y développe : «L'État n'a pas le droit d'enlever la vie. La peine de mort est une survivance de rigueurs antiques et un anachronisme dans une société policée. Elle n'est pas seulement inutile parce que sa valeur d'exemple est nulle, elle est aussi nuisible». Ainsi, il remet en cause le droit de punir et s'oppose à cette peine barbare. Il considère que la prévention vaut toujours mieux que la répression.

 

Un homme comme Voltaire reprend sa théorie et conteste cet acte de barbarie. Victor Hugo publie, en 1829, Le Dernier Jour d'un Condamné. Il écrit cet ouvrage comme le journal des dernières heures du condamné. Il ajoute à ce livre, en 1832, une troisième préface qui dresse un excellent et puissant plaidoyer contre la peine de mort.

 

Mais remontons légèrement le temps. Après la chute de l'Empire, François Guizot réintroduit le débat contre la peine de mort. Sans doute avait-il toujours présent à l'esprit la mort par guillotine de son père lors de la Terreur. Sa proposition de loi échoue de peu. Tout comme celle de Jules Simon en 1870. Le même sort arrivera à Aristide Briand, le célèbre rapporteur de la loi de 1905 de séparation des églises et de l'Etat. Devenu ministre de la justice en 1908 , il soumet un projet de loi qui se résume ainsi : "La peine de mort est abolie". La réaction se déchaîne et, une fois de plus, la loi échoue.

 

Jusqu'aux années 1970, la peine de mort en France a été appliquée avec une intensité très variable. Un cours répit d'accalmie puis, en 1972, cela repart de plus belle : affaire Buffet-Bontemps (prise de trois personnes en otages dans la prison de Clairvaux dont 2 seront tués). En 1976, il y aura les affaires Ranucci (meurtre d'un enfant) et Patrick Henry (rapt et assassinat d'un jeune garçon).

 

Cinq ans plus tard - en 1981 donc - Robert Badinter, alors ministre de Mitterrand, réussit a faire passer cette loi d'abolition. Plus personne ne la remet en cause, sinon la toute nouvelle présidente du FN qui, dans le journal gratuit 20 minutes, vient de réaffirmer le rétablissement de cette pratique "barbare".

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